Alexander et moi avons vécu plus de dix ans de mariage. Pendant cette décennie, nous avons traversé tant de moments précieux que d’épreuves, toujours soudés autour de nos deux enfants : notre fils André et notre petite Dorothée, âgée de trois ans. Je pensais que rien ne pourrait briser notre équilibre ; nous n’étions pas un couple parfait, mais je croyais que notre lien était assez solide pour affronter toutes les tempêtes.
Tout a basculé le jour où j’ai découvert sa liaison. Cette trahison m’a frappée de plein fouet, emportant en un éclair toutes mes certitudes. Ce n’était pas seulement une aventure : c’était un déni total de notre histoire, de nos projets et de l’amour que je lui portais. Mon cœur a été brisé dans les termes les plus cruels.
Je n’ai pas crié, je n’ai pas imploré : je l’ai juste informé que je voulais divorcer. Rester à ses côtés après une telle blessure me paraissait impossible. L’affection que j’avais pour lui avait cédé la place à une douleur irréparable.
Au début, Alexander s’est accroché : « Donne-moi une chance », « C’était une erreur », jurait-il. Mais j’étais déterminée ; on ne recolle pas un cœur brisé du jour au lendemain. Finalement, il a accepté le divorce… à une condition aussi violente que surprenante : « Très bien, on divorce, mais les enfants restent avec moi. »
Ce choc m’a coupé le souffle. Lui, héritier d’un appartement à Madrid, employé stable à Valence, propriétaire d’une voiture ; moi, issue d’années consacrées à élever nos enfants, réduite à un contrat précaire de six mois, locataire d’un studio exigu à Getafe et submergée par des factures en retard. Qui, de nous deux, était réellement en mesure d’offrir à nos enfants un avenir serein ?
J’ai pris la décision la plus difficile : confier André et Dorothée à leur père, pour qu’ils grandissent dans un cadre sûr. Le jugement est tombé rapidement, sans drame ; Alexander a renoncé à toute pension alimentaire, conscient qu’il pouvait assumer seul. Quant à moi, j’ai promis de contribuer comme je le pourrais.
Les premiers soirs, André s’endormait en pleurant, et Dorothée, désemparée, répétait : « Pourquoi maman n’est plus là pour me border ? » Chaque week-end, je venais les chercher, comblant leur manque d’amour par des jeux, des câlins et toute ma présence, pour qu’ils sachent que je ne les avais jamais abandonnés.
Les appels d’Alexander se sont multipliés pendant des semaines : « Comment préparer leur repas ? », « Ils refusent la sieste… », « Je suis épuisé ! » Puis, peu à peu, il a cessé de m’appeler. De mon côté, j’ai obtenu une promotion à Alcobendas et j’ai pu économiser assez pour déménager dans un appartement plus spacieux. Je retrouvais peu à peu ma stabilité.
Deux mois plus tard, Alexander a rappelé, usé et à bout : « Je n’en peux plus, ces enfants perturbent ma nouvelle routine », m’a-t-il lancé avant de me demander de les reprendre. Lui qui avait juré de tout assumer jetait désormais nos enfants comme un fardeau dont il ne voulait plus. Il m’a même accusée de les avoir « abandonnés » et d’être une « mauvaise mère ».
Pourtant, je n’ai fait que ce qu’il fallait : leur offrir la stabilité dont ils avaient besoin. Certains me jugeront égoïste, mais je ne regrette rien : j’ai pris la décision la plus froide et la plus réfléchie de ma vie, parce qu’être mère, parfois, c’est savoir laisser partir ses enfants vers celui qui peut le mieux les protéger. Aujourd’hui, André et Dorothée s’épanouissent, et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour leur garantir l’amour et le soutien dont ils ont besoin, chaque fois qu’ils sont avec moi.